Noah Llywelyn [wagtan]
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Noah Llywelyn [wagtan]
Noah Rhys Llywelyn
Survival walks into a bar & orders a drink, only to
slap it over her bleeding wounds & flinch when it makes them burn.
slap it over her bleeding wounds & flinch when it makes them burn.
Instable ◊ Impulsif ◊ Lâche ◊ Abrupte ◊ Coléreux ◊ Orgueilleux
Conciliant◊ Vaillant ◊ Débrouillard ◊ Franc ◊ Éloquent ◊ Aidant
Conciliant
01. Souvent pris en charge par l’un de vos oncles, celui tenant le bar qui est aujourd’hui le tien, c’est sur son vieux piano que tu es tombé amoureux pour la toute première fois. Tu n’étais encore qu’un tout petit garçon qu’on soufflait le mot prodige, qu’on parlait de talent jusqu’alors jamais égalé ou soupçonné au sein de ta famille. Les Llywelyn ne sont pas des musiciens, ils se débrouillent évidemment pour divertir leur clientèle et ont un talent certain pour les chansons paillardes populaires, des voix qui portent même, mais tu as été le premier, le seul à posséder ce don. Une fierté qui t’a suivis une bonne partie de ta vie, une excuse toute trouvée pour ne pas avoir à suivre la voie de la chasse, ni à t’intéresser au bar. On t’a laissé le droit d’aimer en nuance, du bout des doigts, tout en retenu, les yeux dans le vague. Noir et blanc. Ivoire et Ébène, jour et nuit dans ton esprit. 02. Si tu as encore aujourd’hui un élan de nostalgie en écoutant Beethoven, ton premier compositeur fétiche, c’est plutôt Johann Pachelbel qui a ensuite gagner ton affection dès que tu as rejoint le conservatoire de Dublin. Alors que l’adolescence te gagnait, tu t’acharnais sur le « cauchemar de Pachelbel », qui reste l’une de tes pièces favorites encore aujourd’hui. Et avec le temps, les compositeurs russes ont pris plus de place : tout d’abord Sergueï Rachmaninov, puis Piotr Ilitch Tchaïkovski et ses séduisants ballets. Puis tout est devenu flou, tu es devenu gourmand, encouragé par les élans passionnels d’Eilis, ta complice. Ta muse. Une partenaire de crime toute trouvée, quand bien même elle avait tendance à s’envoler trop loin et trop fort. Ça n’a pourtant jamais été un défaut. Au contraire. 03. Réservant la violence aux touches d’ivoires et d’ébènes, transformant tes frustrations en mélodie, tu t’es plutôt perfectionner dans l’art des mots. Ceux qui claquent, ceux qui tombent juste. Un autre talent, celui de la patience, celui du temps juste. Toujours sur le tempo, qu’on aime dire, que tu aimes entendre. Toujours à temps. Toujours bien mesuré, pas un mot de travers, tu sais jouer avec les limites. Enfin, tu savais, parce que cette illusion de tact et de grandeur d’âme, de ce presque don surnaturel semble t’échapper un peu plus à chaque instant. Les mots ne règlent pas tout, tu commences tout juste à le comprendre, mais encore faut-il savoir l’accepter. Alors tu continues de jouer avec le danger, tes orteils gigotant parfois hors des limites, franchies. Violées. Tant pis. 04. Tu détestes le mot « handicapé » et pourtant, c’est ainsi que tu te perçois. Depuis la perte de Margaret, tu es non seulement handicapé d’une sœur – et un frère sans sœur, c’est con, ça ne fait qu’un homme et c’est triste – mais aussi de trois doigts. C’est une mauvaise blague, tu refuses de l’accepter, pourtant tu as peur aussi. Handicapé des sentiments qu’on ajoutera, incapable de se remettre à l’endroit. Handicapé du bon sens aussi, incapable de voir au-delà du vide des doigts disparus, incapable de renier les manies gagnées depuis un combat perdu. Le seul, qui comptait, que tu as mené. Parce que même avec Eilis, tu perdais. 05. Les manques ne sont pourtant pas tout, non on a aussi décoré ta peau. On l’a brulé, on l’a déchiré, on l’a abîmé au-delà du supportable. On a fait de toi un patient, une expérience, presque une jolie fille à qui refaire le nez – mais ça, c’est ton ancienne fiancée qui c’en est chargé. Alors pour couvrir les modifications, les preuves de ton sauvetage, dans un ultime élan de coquetterie – souci d’égo surtout – tu t’es mis à accumulé les tatouages. Une nouvelle obsession, la preuve ultime que plus jamais tu ne seras pianiste de profession, une punition à travers l’aiguille douloureuse et une délivrance à travers les dessins qui orne ton torse. Ta hanche gauche – brulé et mutilée – n’est dorénavant qu’une œuvre d’art, idem pour tes bras, ton dos, même tes pieds n’y ont pas échappés. On t’a rénové au cours des quatre dernières années et tu n’es pas près d’arrêter. Tu es l’évolution, l’homme survivant et tu célèbres la chose à travers les tracés douloureux. 06. TSPT ou la hantise perpétuelle, un enfer bien à toi. Depuis trois ans déjà, avec la disparition de Maggie, tu t’es fait un ennemi cruel, plus que les loups ou les sorciers, pire que les morts ou leur spectre. Ton démon se trouve sous ton crâne, sous ta peau, grouillant dès que tu changes de pièce, dès que tu passes devant une porte, ouverte ou pas. Chez toi, l’inconnu est une source de stress perpétuel. Tu cherches les ennemis, tu cherches les pièges, tu coinces des bouts de papier, pousse des bières vidées et remplis de clous près des portes. Pour savoir, pour fuir, parce que tu n’es pas assez brave, parce que tu crains de finir comme ta sœur. Et même dans la sécurité de ta chambre, vérifiée quatre fois avant de dormir, tu n’arrives même pas à trouver le sommeil. L’insomnie te poursuit de ses avances et la violence gronde depuis les tréfonds de ton âme. Pourtant, tu refuses de faire face, rejette les traitements en les proclamant stupides ou inefficaces. Tu as accepté ton mal, tu t’y enfonces et si tu ne t’en accommodes pas, tu es bien trop ancré dans ce besoin de fuir la douleur, pour chercher à la régler. Non, tu ne veux pas en parler, non tu ne veux pas voir qui que ce soit ou avaler d’autres comprimés. Tu veux simplement qu’on te laisse devenir cinglé. Enfin, tu crois. 07. Dans cette fuite de ce qui vous est arrivé, soit la mort de Margaret et tes stigmates personnels, tu nies autant que possible tes handicaps. Ils ne sont réels que si tu leurs accordes de l’attention, pas vrai ? Tu crois que oui, pas naïvement mais avec entêtement, avec une monstrueuse mauvaise foi. Alors tu portes une prothèse, pour masquer le manque, tu deviens le barman ganté, un accès de coquetterie aux yeux de tous. De quoi se foutre de toi, de quoi te faire ronchonner, pour donner le change. Il vaut mieux être un putain de paon qu’une saloperie d’handicapé. 08. De la nicotine au bout des doigts jusqu’au goulot tiède des bières, tu aimes cultiver les vices. Tu fumes jusqu’à en avoir la voix écorchée, mélodie rauque aux accents presque lascif quand la fatigue gagne ton grand corps. Il n’y a que l’alcool qui ne mène pas ta vie, pente trop glissante, risque potentiel de tout perdre : ton gagne-pain, l’héritage, le souvenir et la malédiction de Maggie. Mais tu t’y roules tout de même, des relents d’alcool plein la barbe, au coin de ton sourire. Puis il y a la bonne chair, celle de Tallula mais pas seulement, celles de toutes les autres dont tu veux bien avoir envie. Des moments d’égarement, rien de plus, des poussées d’adrénaline, des encore sur leurs lèvres que tu étouffes d’une langue avide. Pour oublier que tu ne sais plus que briser tout ce que tu touches, parce que c’est sans conséquences, parce que parfois tu as besoin de respirer loin de la blonde pour te rappeler ce qu’est l’amour. Puis tu te rassures – un peu macho sur les bords, salaud à mi-temps – que ce serait injuste pour toutes les autres de ne pas profiter de Noah, les doigts agiles, transformant les femmes en instrument de musique. Tant pis pour le piano qui fait des siennes, tes trois doigts en moins – pour peu que tu n’exhibe pas le vide qu’ils ont laissé – ne gâchent rien à la musique des femmes. 09. Si tu as changé de métier, troquant les touches pour les bouteilles, ta garde-robe n’a étrangement pas changé. Les nouveaux clients ont tendance à te dévisager, parce que plutôt que d’enfiler de vieux t-shirt ou des chemises à carreaux, tu aimes les beaux vêtements et que même négligé tu dégages quelque chose d’étrangement soigné. Le musicien en toi n’est pas mort, pas celui qui se présentait au centre de la scène, les projecteurs braqués sur lui. Tu as beau te laisser aller depuis déjà deux ans, tu n’arrives pas à abandonner les vieilles habitudes. Agencer les couleurs, suspendre les vêtements, repasser les chemises, ce sont des rituels rassurant pour toi. C’est stupide, tu es le premier à l’affirmer et tu ne comptes plus le nombre de vêtement assassiné sous la bière, la graisse ou les effusions de sang, mais tu ne sais pas comment renverser la chose. Après tout, tu es devenu pianiste naturellement, cesser de l’être ce serait comme d’arracher un bout de ton âme. Tu ne sais pas si tu saurais y survivre. 10. Depuis trois ans, tu as hérité de Puck, le chat de ta défunte sœur. Chat terrible, qui tient évidemment son prénom du fameux farfadet farceur et qui, un peu comme lui, aime bien effrayer les clients quand il se fait tard. Bon, il n’a pas les yeux jaunes enflammés de la créature, mais quand on quitte le bar, tard le soir, avec la lune pour complice, on pourrait presque croire le contraire. Minet de cinq ans et entièrement noir, il aime aller et venir, hantant le bar quand il en a envie – mais surtout quand Eilis se présente en compagnie de son chien, manque de bol. Tu passes autant de temps à le caresser qu’à lui balancer ton pied aux fesses, en fait votre relation est un étrange mélange de complicité et d’agacement perpétuel, trop indépendant pour vous attacher sincèrement l’un à l’autre. 11. Si tu as vécu quelques années à Dublin, ta véritable demeure se trouve ici, à Glencullen. Tu y es donc revenu depuis 4 ans, après Eilis, ça te semblait la bonne chose à faire, retrouver ta soeur, retrouver ton coin de vie et puis, t'approprier le bar avec elle. Évidemment, avec le décès de ta soeur le bar est devenu tien, un fardeau pour commencer, puis un gagne pain relativement respectable. En fait, plus le temps passe et plus tu trouves du charme à crier pour te faire entendre, te démener pour avoir de nouveaux groupes un samedi soir sur deux et tu te sens drôlement utile quand tu trimbales tes grosses caisses d'un bout à l'autre du bar. Ce n'est pas trop mal. Non, vraiment. 12.Dieu, pour toi, ce n'est pas une connerie et mine de rien, tu es un bon catholique, comme tout le monde dans ta famille. Comme tout bon irlandais respectable – même si avec toi, on a parfois des doutes. Bref, Dieu existe, ça tu en es foutrement sur, mais homme ou femme, tu n’en as pas grand-chose à faire, c’est simplement un truc sadique qui aime bien t’en faire baver et se foutre de toi. Il a même du accrocher tes trois doigts à son cou, la bonne blague oui. Ha. Ha. Ha. Et pourtant, si ta foi a été ébranlée en perdant Margaret, si le monde est plus flou, si la rage rugit de plus en plus fort en toi, secouant jusqu’à tes genoux, tu continues de croire. Parce que sinon, ça signifierait que Maggie n’a pas été sauvée, qu’elle n’est pas en paix, qu’elle n’est pas « mieux » et ça, tu ne peux pas l’accepter. Jamais. Alors tu vas à l’église tous les dimanches et tu inclines la tête, tu grognes des « amen » quand le prêtre l’exige et tu t’agenouilles humblement pour le salut de ta sœur. 13. Au plus grand damne de Tallula, tu possèdes toujours ta moto, vestige d'une vie avec dix doigts. La belle époque, nom de dieu. Et elle a beau dire que c'est stupide, que tu risques de te casser un truc - pire, de te tuer - tu n'en as rien à faire. C'est une chasseuse, alors franchement, elle n'a absolument rien à y redire, aussi sexy puisse être son cul ! Heureusement pour elle - et pour toi surement - tu possèdes aussi un vieux camion. Si ça, ça ne la calme pas, beh tant pis hein !
Survival smiles, & her teeth sparkle.
Re: Noah Llywelyn [wagtan]
on my knees and out of luck
Survival walks into a bar & spits out the window, sits in a corner and glares at everyone who looks her way.
On raconte beaucoup de chose à ton sujet Noah, on parle de ton enfance, une éclaircis de soleil, un temps plein d’espoir et des rêves qui réchauffent jusqu’à l’âme. On a parlé de talent spectaculaire – que du vent que tu dis aujourd’hui – on a chanté tes louanges, relié ton nom à Eilis, déesse de la musique, Euterpe réincarnée. On n’avait pas entièrement tort, tu ne peux pas le nier, mais tout ça n’aura duré qu’un temps. Trop court. Éphémère, comme tout ce qui existe en ce bas monde. On parle de ton optimiste d’antan, de ton enthousiasme, tes doigts qui couraient avec empressement – élégance – sur les touches. Le noir et le blanc, porcelaine et marbre, si délicat et si dur à la fois. Mais il n’en reste aujourd’hui pas grand-chose. Ton bonheur est un souvenir, ton sourire un peu tordu, ton cœur prisonnier d’une tempête perpétuelle. Un amas de bouteille vide et ta voix qui s’écorche pour se faire entendre, pour tenter – en vain – de te délivrer. Sauf que voilà, plus rien ne tourne rond. Ou peut-être que si, peut-être que c’est justement ça ton souci Noah. Tu tournes en rond, dans ta tête, dans ton corps, comme un lion en cage. Un foutu félin qu’on a dégriffé, un choix que tu as fait tout seul d’ailleurs alors que tu ne demandais pas mieux que d’être un animal domestiqué, à te vautrer sur les cuisses de ta propriétaire, Eilis ou Tallula, la torture ou la culpabilité perpétuelle. Un poison ou un autre, qu’importe. Mais voilà, si tu t’es cassé quelques dents sur plus forte, tu sens la rage gronder. Elle enfle, comme la tempête se charge dans le ciel, des nuages lourds de ton passé. Si ton dieu existe bel et bien – et il le doit, pas le choix, il a assez merdé comme ça – tu as compris depuis déjà longtemps qu’il ne t’aimait pas. Non, tu n’es rien Noah, rien qu’un laissé pour compte. Et être un foutu martyr, ça te déprime à mort.
Elle s’enfuit à l’extérieur, bien entendu. Elle te fracasse d’accusation, comme si elle était la mer et toi un roc. Eilis est plus impétueuse qu’une tempête, elle tourbillon autour de toi, te lance son ressac avec violence et tu encaisses ses reproches en te contentant de secouer la tête. C’est toujours de ta faute. Les ratés, l’empressement, l’incompréhension de ceux qui t’ont acceptés sans sourcillé, toi. Musicien docile, plus doux et léger, habile mais discret comme on s’attend qu’un grand artiste le soi. Les vrais, ceux qui font salle comble. On te promet déjà une grande carrière, des amphithéâtres plein et un auditoire paré de satin et de velours, des perles et des diamants pendant à leurs cous. Oh, ils t’adoreront, tu le sais bien, seulement jouer comme ils le souhaitent, te conformer aux partitions sans te presser, sans avoir à chercher ton souffle, n’a pas le même intérêt. Cette vie toute rangée ne te semble plus aussi attirante, pas depuis l’année dernière, quand la petite brune est venu exiger de toi que tu sois son partenaire. Un complice dans ses crimes à venir, le bout de ses doigts faisant s’envoler les partitions, ses pieds renversant les lutrins. À quoi bon suivre le papier quand la musique est en toi ? Elle a raison et de fait, tu tâche de la consoler, de la rassurer. Mais c’est peine perdu, elle ne songe qu’à te mordre. Tu es peut-être son partenaire, tu n’es pas pour autant son allier. Pas encore. Parce que ta musique est trop « parfaite » et dans sa bouche, le mot n’a rien d’agréable, rien d’un compliment. Tu as trop de structure, ton esprit est étroit, logé entre les lignes des partitions, parfaite clé de sol qui ne demande qu’à faire chanter les cœurs, qu’à égarer les esprits dans des scènes imaginaires. Seulement, quand tu joues, elle ne voit que les notes, que les couleurs fades que tu en tires. Alors tu apprends, un peu plus avec elle encore, à te fier sur l’agilité de tes doigts, à laisser la musique tricher, leurrant les envies pour en créer d’autres. La musique n’est pas qu’une douce mélodie, non tu sais qu’elle vibre sous le poids des âmes, l’enthousiasme et la ferveur pour pilier, mais avec Eilis elle devient bien plus encore. Vivante et indépendante de toi, capricieuse. Mais ta musique à toi, n’a et n’aura jamais l’agressivité de la sienne. Jamais. C’est un problème de respect des touches, d’une lâcheté qui t’es propre, tu ne souhaites pas brusquer, tu ne dépasses jamais la limite. Trop bon, trop con. Elle a évidemment raison.
Alors tu soupires, glissant un bras sous ta tête. « Elle aurait dû gagner tu sais… sincèrement. » Ta sœur soupire aussi et tu peux presque l’imaginer poser sa joue contre son genou alors qu’elle souffle sur un orteil qu’elle peignait. « Rhys… si ce n’était que de toi, elle gagnerait toujours. Tu n’es pas objectif, tu es amoureux. » Un autre sourire te recourbe les lèvres et tu fermes les yeux. « Elle a quand même été grandiose. » « Je n’en doute pas, mais elle a un problème d’attitude, Rhys. Je l’adore, tu le sais et je me ferais un PLAI-SIR d’être la marraine de vos enfants, bien bien plus tard hein, mais il faut être réaliste. Elle a une putain d’attitude et malheureusement, ça gâche parfois ses chances. » Elle n’a pas tort, l’air frondeur de celle qui c’était enfin décidé à être ta petite-amie – trois mois, un miracle – jusqu’à il y a une semaine, quand elle a perdu le concours et que c’est devenu ta faute, ralentit son succès. Son ascension vers le succès. Et tu sais pertinemment qu’elle t’en tient rigueur, toi qu’on a déjà approché avec enthousiasme, exaltation, pour rejoindre le Philarmonique de Dublin. Oh, tu as reçu d’autres offres, mais trop loin de la maison, trop loin d’Eilis. Elle est encore trop jeune pour t’y suivre et assurément trop effrontée pour savoir se tenir, pour attendre de gagner en gallon avant de s’installer près de toi, menant les autres violons, les soumettant tous dans sa folle course. Et si Maggie n’a pas compris ton refus de voir du pays, de voyager un peu – « Avec un talent comme le tien, c’est stupide de rester ici, va voir le monde Rhys ! Amuse-toi ! Arrête de te freiner, elle ne le ferait pas pour toi, tu le sais autant que moi. Et puis… elle sera toujours là à ton retour. » – elle n’avait pas tort quant à ce qui te retenait ici, en Irlande. Eilis. Celle-là même qui t’a balancé une chaussure plus tôt, quand tu as voulu t’enquérir de son état et qu’elle t’a rappelé – avec toute la bonté qu’elle possède – que vous n’étiez plus ensemble. « Tire-toi Noah ! » qui sonnait étrangement comme un « Pas même foutu de suivre une partition ! » Au pire, elle a raison, mais c’est plutôt ton incapacité à suivre autre chose que sa fureur, que son entité, qui devrait t’inquiéter. Au téléphone, tu entends Maggie respirer, puis tu devines son sourire, celui presque maternelle dont elle te couve quand tu deviens trop silencieux, ce qui ne te ressemble pas. « J’irais prendre de ses nouvelles demain, arrête de t’inquiéter d’accord ? Et va dormir un peu. Tu dois encore travailler tes partitions, mais tu vas y arriver. Et puis, mange après deux tours d’accord ? Jure-le ! » Le rire s’échappe d’entre tes lèvres et suite à ta promesse, tu raccroches pour dès lors chercher sagement le sommeil, Eilis errant dans ton esprit comme un fantôme.
Le repas ne l’intéresse qu’à moitié, contrairement au vin qu’elle avale avec gourmandise. Un remède comme un autre pour oublier que sa vie est « fichu. » Que tout sera bientôt sans saveur, sans couleur, le noir éternel en somme. Mais pas ce soir, non. Tu essais de la faire rire, mais elle n’en a pas envie, elle rumine encore sa douleur et même ta main, que tu tentes de poser contre la sienne, est rejeté, les doigts se dérobant. Est-ce qu’elle sent venir la demande ? Tu crois que oui. Peut-être qu’elle est nerveuse, elle aussi ? Peut-être qu’elle compte dire non ? Aucune idée, mais tu dois le faire, tu dois tenter le coup et dès que vous quittez le restaurant – un beau gaspillage, parce qu’outre le vin, vous n’avez pratiquement rien mangé l’un comme l’autre – tu fais sa main prisonnière. Oh, elle tente bien de t’échapper, mais elle rencontre ta bouche et déjà elle se veut légèrement plus docile. Ses dents te piquent les lèvres, mais tu te contentes de sourire – sa voracité n’a rien de désagréable, au contraire – avant de la relâcher et de presser le pas, passant devant elle. Et c’est là, alors qu’elle s’apprête à te sermonner que tu lui barres la route, peut-être même à te virer à coup de pied dans les tibias, que tu poses un genou au sol. Elle fige. Toi aussi. C’est réel – probablement trop – et tu te sens un peu – beaucoup – con, dans pareille position. Un sourire nerveux aux lèvres, la petite boite tremblante dans les mains, tu cherches un peu d’air. Inspirer. Expirer. Recommencer. Encore. Ne pas mourir devant elle, ce serait bien aussi, tout de même. Va-t-elle refuser ? Tu ne sais pas, tu ne veux pas savoir, mais tu fronces les sourcils et comme tu l’as toujours fais dans chacun de vos duos, tu t’élances : « Épouse-moi Eilis. » C’est presque un ordre vu le ton que tu utilises, mais près de vous, quelques passants s’écartent, certains retenant leurs souffles. Tu ne les remarques pas, le regard rivé sur celui de celle qui bat en toi, une extension de ton être, ce qu’il y a de pire en toi. Une dépendance qui dépasse celle de la nicotine, une passion comparable à cette de la musique. Une hymne que tu aimerais te réservé. « Aller, tu sais que tu adores me balancer tout ce que trouves, à la gueule. Et puis, j’ai peut-être du mal à suivre ton violon, mais je suis quand même le moins nul des pianistes du Philarmonique. Épouse-moi. » Impossible de te le refuser n’est-ce pas ? Le petit sourire qui tressaille sur ses lèvres est une preuve en soi, seulement elle aime bien te donner le change et si la réponse est négative, ça ne durera pas. Parce que dès le lendemain matin, alors que tu te faufiles sous la douche derrière elle, c’est une main arborant ta bague qui viens glisser le long de ton torse, jusqu’à ton dos pour t’écraser contre elle. Qu’importe qu’elle n’ait jamais dit « oui » tu sais lire entre les lignes, ce qui est tout de même plus pratique qu’une satanée partition cochonné par les notes exigeantes d’Eilis.
« Avec une chasseuse ? T’es sérieuse ? » Tu ris, une pointe cynisme s’enroulant autour du son grave, de quoi te faire mériter un coup de chiffon de la part de ton ainée, te sermonnant joyeusement. « Suffit ! Ne te moque pas, je la trouve très bien ! Et puis… si j’ai bonne mémoire, hier soir, toi aussi tu semblais l’apprécier. » Oh, tu ne peux pas nier avoir passer la nuit avec la plantureuse blonde et tu t’écorches les lèvres d’un bout de dent, un sourire un chouia vicieux s’y logeant. Oui, elle te plait bien, la jolie Lula. Le sourire mielleux, le regard vif et le corps brûlant, tout en courbe, de quoi te faire chavirer. De quoi faire perdre le cap à n’importe quel homme censé. De quoi te faire perdre la tête, plutôt deux fois qu’une. En fait, son odeur te colle encore à la peau et tu revois son sourire en coin quand elle a quitté ta chambre, un de tes t-shirts pour trophée de chasse. Tu veux bien être sa proie. Encore et encore. « Pas faux… elle est plutôt cool. » Le rire de Maggie résonne à travers le bar vide, alors qu’elle pose les chaises sur les tables, te cédant le passage avec la vadrouille. « Plutôt cool ?! C’est tout ? Pfeuh, connard va ! Vous trainez ensemble depuis pas loin de six mois, tu veux bien me faire plaisir et te décider à rendre votre relation officielle ? Il serait à peu près temps… en plus, ça me rassurerait ok. » Tu hausses les épaules, représentation vivante du type qui ne sait pas trop, celui qui fait « comme si » il comptait y réfléchir alors que tout est déjà clair : Lula peut laisser une brosse à dent dans ta salle de bain personnelle et elle le fera. Bientôt.
Est-ce qu’elle le regrette aujourd’hui ? Rouler en boule dans le fauteuil qu’on a bien voulu lui laisser, près de ton lit, le visage encore crispé par l’inquiétude alors que le sommeil la taraude, elle est l’image même de l’angoisse. Celle d’être coincée avec toi ? Celle de te voir perdre la tête ? Non, que dirait Maggie, elle a peur pour toi. Peur que tu ne passes pas par-dessus. Mais même ta lâcheté à ses limites, n’est-ce pas ? Oui. Pauvre Tallula, mauvaise pioche, c’est de toi qu’elle a hérité alors qu’elle n’a rien à voir avec toi, blonde là où tu es brun, les yeux aussi bleus que les tiens sont foncés, une opposition, un contraire. Elle a l’audace que tu n’as pas, les mains pleines de sang et le talent de le faire couler, là où toi tu n’as que des traces du tien. Trois doigts en moins. Cette constatation te hante, c’est une obsession que même les médicaments n’arrivent pas à chasser, un néant trop grand, un vide qui veut te gruger jusqu’à l’âme. Heureusement ce n’est pas la main directrice, heureusement il s’agit de la droite. Heureusement, ton cul oui ! Il te manque trois putains de doigt ! Si on ne t’avait pas envoyé une bonne dose de calmant, quand on te l’a annoncé, tu aurais pu renverser tout ce qu’il y avait dans la pièce. Tout. Sauf elle, la jolie Lula, désirable même quand elle sombre à moitié dans l’inconscient, les bras de Morphée trop tentant. Comme elle. Encore une autre opposition, parce qu’avec tes doigts en moins, parce qu’avec ton corps lacéré, ta hanche en attente d’une greffe de peau, tu ne te sens pas beau. Plus jamais peut-être ? Qu’importe. Tu n’aurais pas dû survivre et si ce n’était pas de Lula, de son habileté à sauver tout autant qu’à tuer – et peut-être qu’elle croit encore pouvoir te sauver, de toi-même comme du reste, bonne chance à elle – tu aurais déjà rejoint Margaret. Mais alors, est-ce que ça fait d’elle une héroïne ou est-ce qu’elle n’a pas plutôt tout foutu en l’air ? Tu préfères éviter d’y réfléchir, être ronchon tu peux le gérer, mais finir suicidaire, là non. Il ne faut pas déconner, nom de dieu ! Tu as voulu venger Maggie, soit, tu t’es planté et c’est là ton humiliation personnelle : l’échec. Ton incapacité à faire autre chose que de taper des touches, que de servir des bières, que de faire jouir une nana. Mais justement, cette défaite, ce poids, il est tien. Et qu’importe les thérapies à venir, rien ne pourra virer ce sentiment de ton être. Tu es foutu Noah et tu le sais, le souci c’est que tu as du mal à t’en préoccuper. Un deuil à la fois hein et tu as décidé de commencer avec Maggie, une amputation à la fois, oui.
Tu poses la chopine et la fait glisser jusqu’à la main du bonhomme, qui te remercie d’un hochement de tête. Il mérite la même réponse de ta part et déjà ton regard fait l’état des lieux – encore – comptes les ombres présentes, s’assure que Tallulah et Moira sont en sécurité. Rien à signaler. Bien. Tu grattes ton pansement, celui dissimulant ton dernier acte de thérapie : un autre tatouage pour t’aider à ravaler la douleur. Pour te punir de ta faiblesse. D’être le seul survivant de ta fratrie. Et voilà qu’une main chasse la tienne, ton regard vrillant déjà celui couleur de bout de mer de Lula, le bleu clairsemé de vert te fixant sans aucune crainte. Tu ne dois pas gratter, tu sais bien et tu retires ta main, te méritant un sourire, un baiser et une bière qu’elle pousse dans ta main. Un rappel presque douloureux de la tempête à venir, pas parce qu’elle va chasser – non ça elle se garde bien de t’en aviser, elle sait que tu arriverais probablement à la convaincre de te laisser l’y suivre et que tu risques d’y rester, de tout faire foirer au mieux – non mais bien parce qu’Eilis arrive bientôt. Parce qu’elle posera son foutu violon sur ta saloperie de piano, qu’elle te forcera à accorder devant elle, princesse de tous les caprices, les meilleurs comme les pires, surtout les pires. Parce qu’elle est une ancienne addiction et que tu as beau t’en être sevré, vous savez tous très bien comment il est facile de retomber dans ses vieilles habitudes. Parce qu’elle est synonyme de danger, autant pour ta raison et tes résolutions que pour la jolie bague qui scintille au doigt de Lula. Main que tu attrapes pour l’attirer plus près, tes lèvres trouvant sa paume pour l’embrasser tendrement. Elle est aussi nerveuse que toi – toujours quand il s’agit de sa Némésis en amour, n’est-ce pas ? – mais elle te rend un échantillon de sourire. « Tout ira bien… je crois. » Tu n’es pas très rassurant, mais elle s’en contente et elle se mérite un véritable baiser quand que les pattes du chien d’Eilis ne viennent cliqueter sur le plancher usé.
Tu relâches alors la blonde, inspirant un peu de son parfum pour toute protection, une amulette comme une autre, pour tourner ton attention sur la brune. Oh, tu ne prends pas la peine de la guider jusqu’au piano, elle t’arracherait la tête pour moins que ça, mais tu t’y diriges déjà. Le violon trouve sa place et tu soupires, t’attardant déjà sur le piano, non pas sans effort, la prothèse décorant ta main droite – et t’ayant valu bon nombre de remarque charmante, maintenant que tu es le barman coquet, celui portant des gants, qu’ils aillent tous se faire voir oui ! – te gênant bien davantage qu’elle te rend service dans pareille situation. « Non, je ne jouerais pas. Et oui, tu peux t’assoir et vérifier les touches, je suis en train de l’accorder. » Ta façon poli et civilisé de lui demander de ne pas faire de bêtise, de se contenter de faire ce pourquoi tu la paies. Mais il faut qu’elle t’effleure, il faut qu’elle dégage cette odeur et tu fronces les sourcils, te concentrant sur le piano, sur combien cette satanée prothèse te fait des misères. Tu ne dois pas réfléchir davantage, ne pas céder à son rire, à sa facilité à ne pas tenir compte de Lula parce qu’elle ne la voit pas. Et dans un autre soupires, tu tournes le regard vers elle, quand bien même elle n’y voit plus grand-chose, peut-être pas même la silhouette de ton être – tu n’as pas demandé à quel stade elle en était, ce serait déplacé, parce que vous étiez censé traverser ça ensemble, du moins tu l’as bêtement cru. « Lis, ne me fait pas regretter… pas ce soir. J’ai mal à la tête ok. » L’excuse habituelle, un mensonge qu’elle peut sentir sans même le voir. Tant pis. Parce que tu n’as pas dormi hier soir, Tallula ayant osée aller chasser et l’angoisse t’ayant tenaillé toute la nuit durant, tout un carton de cigarette se mourant dans ton cendrier. Tu ne peux pas en gérer davantage, enfin c’est toujours ce que tu te dis, mais dès qu’Eilis te touche, les souvenirs reviennent et tu demandes « et si », une question qui résonne vicieusement dans ton esprit. Non. Tu ne dois pas et jusqu’ici, tu as su. Assez, les femmes ne peuvent pas avoir ta peau, c’est les sorciers qui l’auront. Ça ou autre chose. Et tu ne réalises pas que si ton instinct émoussé s’emballe, c’est la faute du danger imminent qui se tient près de toi, et pas pour ce qu’elle dissimule sous sa lingerie mais bien parce qu’elle est plus sauvage que tu ne le crois. Une chasseuse et une louve, t’as vraiment un karma de merde Noah. Vraiment.
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