Yenifer [TDND]

Crying is for plain women
Pretty women go shopping

“ It's bullshit to think of friendship and romance as being different. They're not. They're just variations of the same love. Variations of the same desire to be close. ”

Tu dérapes doucement mais sûrement, Yenifer. Une slushie en main et un recueil de poème dans l’autre, tu sombres doucement en direction des calories. Le sucre comme une addiction, celle qui t’entaille le ventre dans des love you baby, do me harder. Celle qui rime avec goût de bile et haleine de merde. Vive les pastilles à la fraise – un autre poison auquel te prosterner. Tu sirotes, de la même manière que Sasha s’entaille, hyperconsciente du mal que tu te fais. L’estomac qui se retourne de lui-même. Ne sait pas s’il doit exiger plus ou s’il doit te rappeler à l’ordre. Puis Sasha t’approche, elle aussi, captivée par un livre et tu souris. Abandonne le recueil, celui que tu fais claquer en le reposant sur sa pile. À ta gauche, une autre cliente de la librairie te fais de gros yeux et toi, tu te contentes de battre des cils en toute innocence. Du moins jusqu’à ce qu’elle observe la jupe courte à carreau et le nœud sous ta poitrine, ton nombril percé qui lui fait des clins d’œil. Elle roule des yeux et toi aussi, avant d’arracher le livre des mains de la douce Sasha. Ses cicatrices comme des lèvres à embrasser, you need to stop baby girl.

En attendant, tu lui souris et presse la prose contre ta poitrine, vain effort pour l’y enfoncer. Parce que toi, tu te veux à la fois poétesse et pompom girl, médaille à deux faces. Parfois terrible profonde, parfois trop occupé à demander à ce que t’on l’enfonce plus profondément, oui. Cheerleadeuse, dealeuse d’amour, dealeuse de pirouette avec les mots et tout le reste. « Suffit ! Je te l’offre et on file manger des pâtisseries, d’accord ? J’ai faim, Sasha. » Constamment d’ailleurs. Terrible malédiction qu’on a déposé sur ton berceau. Parce que toi, on avait prévu de te nourrir au minimum, dès tes cinq ans – le gras de bébé, c’est tellement passé de mode, darling. Sauf que non. Et si tu ne comptes pas te gaver aujourd’hui – ni plus jamais, cross my heart and wish i could die – tu ne peux tout simplement pas résister. Parce que Sasha c’est une présence bittersweet et qu’avec elle, tu flirts toujours avec le danger. Avant de tenter de la sauver, elle. Ta main s’emparant de la sienne alors que tu l’entraines vers les caisses, puis la sortie. Un sac de plus au bras et tes lèvres qui percutent sa joue. « Tu m’en fera la lecture au café, mn... ? » Parce que ça aussi, tu ne t’en lasses pas. De la voix douce et dramatique de Sasha. De la vision de ses doigts contre le papier. Le frémissement de ses lèvres quand elle teste les mots sur le bout de sa langue. Délicieux spectacle auquel tu t’invites à la première loge, soit sur la chaise en face de la sienne.

Vous êtes donc en quête de votre destin, lorsque votre route croise celle d’un duo masculin – presque parfait reflet du votre, sinon qu’ils ne sont clairement pas aussi bien foutus que vous. Sirène des temps moderne, tu ne sais pas résister à la tentation – always hungry, right ? Alors tu souris et lances une œillade intéressée à la douce Sasha. « Depuis quand tu n’as pas baisé, Love ? » que tu souffles délicatement. Tes mots, pareilles à tes dentelles affriolantes. Et les garçons qui ralentissent, qui cesse même de bouger, captivé. Dans l’attente d’une réponse, d’une information. Alors que toi, tu patiente, tu souris, que ton désir fermente dans ton ventre. L’envie de faire des bêtises – celle qui te sauve d’une fringale boulimique. Parce que dévorer les garçons, c’est beaucoup moins calorique, tout le monde sait ça.

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