(daisy) lead, follow, or get out of the way [TDND]

— teen attitude, teen problems.
A) Daisy, c'est l'art d'assumer à moitié tout ce qu'on fait. Par crainte, d'être jugée ou blâmée. Une excuse toute prête aux lèvres, qu'importe la bêtise, qu'importe l'envie. C'est de ne jamais quitter la sortie d'urgence des yeux, pile elle file, face elle reste. Le souci, c'est qu'elle ne sait pas toujours bien choisir, que le fruit du hasard est souvent amer sur sa langue. Qu'il lui file des crampes au ventre, plus souvent qu'autrement. Pourtant, elle ne peut pas se plaindre la jolie fleur, parce qu'elle à tout pour elle - la phrase qui tue, oui. Une famille - presque - parfaite, du talent en - beaucoup de - sport, des notes correctes, un tempérament facile - les moeurs aussi, parfois mais shh - et puis de la poitrine - le bonus, ça.
Sa famille l'adore et la supporte, après tout, c'est une bonne fille Daisy. Elle conduit sa soeur et son frère à leurs entrainements, prépare les repas au moins trois fois semaines et ne fait même pas de crise quand on lui demande d'ajouter son aide pour les devoirs ou deux soirées de gardiennage au tout. Son assiette est pleine à Daisy, mais elle sourit et trouve même le temps d'être une grande soeur potable - parce qu'après tout, elle à une soeur géniale et un frère adorable. Tout le monde sait ça, elle la première.
Et Daisy, elle jongle, de plus en plus vite, entre la famille et le boulot qu'elle vient de décrocher. Parce qu'il faut être indépendante de nos jours, responsable aussi. Ce sera beau sur ton CV que répète papa, un clin d'oeil pour encouragement. C'est bien de prendre de la liberté et d'être responsable en dehors du nid, qu'ajoute maman avec fierté. Et Daisy, elle continue.
Elle se défonce, à la boxe et à la bibliothèque. Elle cours, sur le terrain de sport ou à travers la ville, entre les cours et derrière Basil. Parfois, y'a son palpitant qui menace d'éclater, qui la supplie de ralentir. Sauf qu'elle a oublié comment. Qu'elle n'a jamais réellement sut. Le coeur trop grand, trop remplis, celui sur lequel on tire comme un élastique. Sauf qu'au fond, Daisy, elle attend qu'il claque. Qu'il éclate, partout sur le bitume. Devant les yeux ébahis des autres, comme une martyr a vénérer. Une couronne de fleur blanche au coeur brillant sur la tête.

B) Compétitive, elle exige la première place dans tous les sports qu'elle pratique. Quitte à trouver mille excuses à chaque défaite - la deuxième place, n'était d'ailleurs jamais qu'une motivation supplémentaire à faire mieux. C'est le patin qui fut son premier amour, puis la natation et de là, elle n'a jamais su s'arrêter. Ne sait pas comment ralentir, son corps maintenant en orbite - incapable de rester en place. Même assise, y'a son genou qui tressaute, ses mains qui cherche l'équilibre quelque part ou sur quelque chose. Il y a alors eu le hockey, légué à Lily par la suite, le judo pour compenser. Des corps contre lesquels se fracasser, se plier. La boxe, pour l'aider à se concentrer, pour vomir la frustration qui remue dans son estomac. Parce qu'on lui en demande trop - quand bien même elle affirme que ce n'est jamais assez. La course à pied, pour ne pas perdre le fil, pour garder le fameux équilibre, qui lui sert de quête. Le foot et le basketball l'ont même brièvement amusée - contrairement au football américain et au baseball qu'elle préfère se contenter de regarder - mais c'était pour Basil, grand amoureux des ballons.
Finalement, c'est Lacrosse qui l'a conquise. L'odeur de l'herbe fraichement coupée et la stratégie, l'esprit qui cesse de divaguer, les pieds qui ne peuvent s'emmêler. Son seul regret est que la version féminine soit pratiquement sans contact - ce qui ne l'empêche pas de parfois se montrer vicieuse sur le terrain. Ce qui la pousse à réclamer à l'équipe masculine de bien vouloir jouer avec la sienne, les entrainements se voulant alors plus intéressant. Plus risqué. Pourquoi les filles devraient être plus douces, hein ? N'importe quoi. Lacrosse, c'est sa religion, sa passion - et le premier qui vient la faire chier avec ça, aura droit à une super démonstration de ses talents en boxe. Son crochet droit est vraiment génial, il fait saigner à tout coup - ce dont elle n'est pas peu fière, contrairement à ses parents.

C) Daisy, c'est aussi un petit élan impulsif. Cette envie irrépressible de faire un choix douteux, celui qu'elle regrette pratiquement toujours plus tard. Mais pas sérieusement, non. Parce que si devant ses parents elle grimace et sait expliquer en quoi elle avait tort - après tout, Daisy elle sait encaisser le blâme, elle est l'ainée - ça ne l'empêche pas d'en glousser, une fois sous les draps. Daisy c'est le manque de pudeur chronique et une carence en hésitation face au plaisir facile. Elle à sut se tenir loin de la drogue pour l'instant - hors de question de foutre en l'air sa saison, qu'elle grogne à qui veut bien l'écouter - mais elle est assurément dépendante au contact humain. Elle veut faire plaisir, dit oui à pratiquement tout, se veut curieuse et ouverte d'esprit. Pas envie d'avoir de regret. Pas envie de décevoir qui que ce soit. Alors elle danse à toutes les fêtes, peu importe la musique, peu importe ses partenaires. Et elle rend les baisers, sans trop se questionner. Sans s'inquiéter du lendemain, après tout, Daisy ce n'est jamais l'heureuse élue. Pas la petite amie à long terme.
Fille moyennement facile, on sait très bien qu'avec elle, ça n'a pas à être sérieux. La faute, en partie aime-t-elle chuchoter, à Fitzwilliam. À qui elle a offert un bout de son coeur, sans comprendre qu'il le garderait en otage longtemps. Qu'il la rappellerait à lui, encore et encore. Il lui est arrivé de lui en vouloir, d'avoir fait d'elle un jouet - une habitude pas suffisamment malsaine pour devenir addiction - mais la rancoeur, ça n'a jamais été le point fort de Daisy. Il aura toutefois servi de modèle aux autres, faisant d'elle une partenaire passagère, celle qu'on échange comme une carte pokemon. Il y a toujours mieux à côté, plus sérieuse qu'on aime dire, plus investie aussi. Avec un emploi du temps plus clément, avec moins de muscle et plus de paillette. La jupe, ça ne suffit pas toujours - même si la poitrine rattrape pas mal de truc.
Et Daisy s'en veut toujours un peu, après coup. D'être le passe-temps, de vivre dans l'imparfait, le passé simple. De n'être qu'un corps à gouter, un échantillon qui ne convainc jamais - sans qu'elle sache pourquoi. Sans qu'elle assume entièrement sa fonction de collation. Parce que si ses parents savaient, ils n'apprécieraient pas. Parce que la liberté sexuelle qu'elle réclame, elle ne peut pas l'afficher. Déchirée, en quelque sorte, entre ce qu'on attend d'elle là où elle compte réellement et ce qu'elle aimerait être auprès du vaste incertain qu'est le reste du monde.